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Le « Kiosque permanent » : archives novembre 2010

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Au 1er décembre, le Kiosque permanent est devenu payant, au prix de 2 euros mensuels. Retrouvez gratuitement ses archives pour novembre 2010. 

30 novembre

Royal a choisi son camp

11 h 52 – A l’heure où la politique exigée par le FMI des Irlandais montre avec éclat son caractère scandaleusement injuste – réduire le salaire minimum, tailler dans les effectifs de la fonction publique, les dépenses de santé et les prestations sociales pour… rembourser le renflouement des banques, rendu obligatoire par leurs pertes spéculatives -, peut-on encore se réclamer de la gauche lorsqu’on dirige une institution qui privatise les bénéfices et socialise ainsi ouvertement les pertes ? A l’évidence, la clarification des positions idéologiques de Dominique Strauss-Kahn, le « socialiste » préféré de la droite, s’opère par ses actes et tout authentique progressiste ne peut que constater qu’il serait le candidat des financiers, des banques et des marchés contre les peuples. Et c’est précisément dans ces circonstances-là que Madame Je-n’en-rate-pas-une du Poitou, aka Ségolène Royal, annonce sa candidature à l’investiture du PS et déclare : « Dominique Strauss-Kahn serait le meilleur chef de gouvernement que la France pourrait avoir ». La France du Medef et du Cac 40, bien sûr. Remarquez, on savait déjà Royal traître à la cause, avec le coup de la pseudo-retraite à 60 ans mais avec… 41 annuités (calculez vous-même). Ou encore lorsqu’elle appelait, au lendemain du remaniement, à « tendre la main » aux… centristes – ex collaborateurs du pouvoir sarkozyste ! Voilà donc une deuxième candidature « de gauche » éliminée. Ça, c’est fait.

29 novembre

Sans-papiers, meurs de froid !

18 h 40 – « Dans des documents que Libération s’est procurés, plusieurs préfectures ordonnent d’exclure les clandestins des abris d’urgence », annonce un article réservé aux abonnés du site du quotidien. Quand on vous disait que la Sarkozie a institutionnalisé la xénophobie d’Etat… Mais qu’on se rassure, suite à la publication de Libé, le chevalier blanc secrétaire d’Etat au logement, Benoist Apparu, a réagi : « J’ai fait appeler les trois préfectures, c’est réglé », assure-t-il. Faisons de la délation : ces sympathiques demandes préfectorales émanaient du Calvados, du Haut-Rhin et de l’Yonne. Main sur le cœur, il déclare : « Il y a une mise à l’abri humanitaire quelle que soit la situation individuelle des personnes. Quand il y a un risque de passer la nuit dehors lors d’une période de grand froid, on ne se pose pas la question de savoir si la personne est française ou non, si elle a des papiers ou non ». Des larmes d’émotion nous montent aux yeux. Apparu explique les consignes abjectes des trois préfectures comme témoignant «soit de zèle soit d’une mauvaise application» des directives. Nous aurions plutôt parlé pour notre part de « saloperie raciste ». Ou tout simplement de droite décomplexée : qui donc avait justement proposé un amendement à la loi sur l’Immigration pour interdire l’accès des sans-papiers aux centres d’hébergement d’urgence à l’automne 2007, comme le rappellent nos archives ? Le même député du Front national de l’UMP qui avait obtenu l’instauration des tests ADN pour vérifier les liens de parenté dans les procédures de regroupement familial : Thierry Mariani. Le chef de file du collectif « la droite populaire » dont la devise est «Nation, Patrie, République et travail». Sa tentative de condamner les sans-papiers SDF à mourir de froid, bien que votée le 19 septembre 2007 par la majorité UMPiste de la commission des lois à l’Assemblée, avait finalement été retoquée, suite au tollé survenu à l’époque. Mais il a par contre réussi à ce que « Bien caché au milieu du projet de loi de finances pour 2011, les députés ont voté cet après-midi la fin de la couverture maladie gratuite pour les sans-papiers pauvres, comme l’écrivait sur son blog le 2 novembre dernier la journaliste de L’Humanité Marie Barbier. Désormais, les bénéficiaires de l’aide médicale d’Etat (les étrangers en situation irrégulière vivant avec moins de 634 euros par mois) devront payer un droit d’entrée de 30 euros par an. » Si elle ne cite pas le nom de Mariani, il est pourtant l’inspirateur de cette disposition, ainsi que nous l’en accusions dans notre billet du 22 septembre dernier, rappelant aussi le cursus de l’individu : « le 22 janvier 2002, il a voté contre la proposition de loi relative à la reconnaissance du 19 mars 62 comme Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie, contre la réforme de l’IVG et de la contraception du 5 décembre 2000 et contre le Pacs. Ajoutons qu’il faisait aussi partie des 117 députés signataires de la proposition de loi du 5 mars 2003 relative à «la reconnaissance de l’œuvre positive des Français en Algérie», comme des partisans de la loi du 23 février 2005 soulignant le «rôle positif» de la colonisation. Et en février 2007, il a aussi tenté de faire passer un amendement limitant le droit au logement opposable aux étrangers (hors Union européenne) possesseurs d’une carte de résident de dix ans ! » Alors Benoist Apparu peut bien faire toutes les grandes déclarations humanistes qu’il veut : comment s’étonner du « zèle » de certains préfets quand on leur donne le signal, au sommet de l’Etat, de la nomination d’un tel énergumène au gouvernement ? N’est-ce pas la reconnaissance que la xénophobie a toute sa place au plus haut niveau de la Sarkozie ? Eh oui, depuis le dernier remaniement, Thierry Mariani, fier défenseur des valeurs de l’extrême droite, est secrétaire d’Etat en charge des Transports.

Patrick Devedjian et les « boules puantes », l’imbécile, le doigt et la lune

09 h 27 – L’ancien ministre de la Relance Patrick Devedjian a fait œuvre de créativité sur le forum de Radio J, comme le rapporte L’Obs.com, en inventant une nouvelle piste qui pourrait expliquer l’attentat de Karachi : la vente par la France, onze mois avant le drame, de sous-marins à l’Inde, pays notoirement en mauvais termes avec le Pakistan. Ce n’est pas pour ça que nous vous parlons de lui : tant que sa suggestion ne reposera sur rien d’autre, elle ne présente aucun intérêt. Non, ce qui a retenu notre attention, c’est cette phrase : « Je pense que nous n’avons pas fini d’avoir des affaires avant l’élection présidentielle, celle-ci n’est que la première. Malheureusement, dans notre pays, les élections présidentielles se passent toujours dans un climat de boules puantes, c’est la première et il y en aura d’autres. » Autrement dit, ce ne sont pas les affaires qui posent problème mais le fait qu’elles sortent ! Ce qui nous fait irrésistiblement songer au fameux proverbe chinois : quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt.

27 novembre

Allègre entarté !

23 h 29 – Ça lui pendait au nez, c’est fait : l’ancien ministre « socialiste » Claude Allègre, de passage à Nantes pour y donner une conférence sur «la science et les médias», fut victime d’un odieux attentat pâtissier. « Soudain, une poignée de galopins déchaînés aspergeait la foule de tracts impertinents à l’égard du mammouth au monosourcil, en s’époumonant du doux slogan «Allègre, collabo», raconte Jura libertaire, relayant Indymedia Nantes. Le tract en question est reproduit, qui énumère les différents sujets qui fâchent : « Parce que Claude Allègre soutient la réforme des retraites d’Eric Woerth (…) Parce que Claude Allègre vante la LRU du gouvernement, qui amorce la privatisation des facs (…) Parce que Claude Allègre incarne la complicité entre l’UMP et le PS pour la casse des acquis sociaux (…) Parce que Claude Allègre justifie la destruction et le pillage de la planète orchestrés par les multinationales par ses élucubrations pseudo-scientifiques (…) Qu’ils s’en aillent tous ! » Conclusion de l’article d’Indymedia Nantes : « Épilogue : un parfait entartage pour ce larbin sarkozyste présomptueux qui a amorcé la politique éducative de notre actuel petit père des riches lorsqu’il était ministre. Gageons que cela fasse réfléchir ses camarades socialistes. » Gageons.

26 novembre

L’auto-entreprise: une escroquerie d’Etat

17 h 49 – L’auto-entreprise, dispositif dont le gouvernement est si fier, porté sur les fonds baptismaux sous le ministère d’Hervé Novelli, était hier à la Une de 20 minutes : « De nombreuses personnes inscrites à ce régime viennent en effet de recevoir un courrier leur demandant de régler la CFE, la cotisation foncière des entreprises, qui remplace en partie l’ancienne Taxe professionnelle. Une très mauvaise nouvelle pour beaucoup, qui voyaient en l’auto-entreprise un dispositif non imposé, à moins de réaliser un gros chiffre d’affaires.«  Suivant les communes, cette CFE représente un montant de 200 à 2000 euros. Forfaitaire, elle n’est aucunement adossée au chiffre d’affaires. « Grégoire Leclercq, président de la FEDAE (Fédération des Auto-entrepreneurs) chiffre le nombre de personnes qui devront régler cette CFE en cette fin d’année à 100.000, soit «environ un tiers des auto-entrepreneurs». Beaucoup auront alors perdu de l’argent dans l’opération, puisque 51% des auto-entrepreneurs ne font aucun chiffre d’affaires. Ils se sont inscrits pour lancer leur activité, pour arrondir les fins de mois, mais n’ont pas réussi. Et ils vont tout de même devoir sortir leur chéquier. » Il s’agit en réalité d’une escroquerie d’Etat : sur le site gouvernemental définissant le statut de l’auto-entrepreneur, toujours en ligne, figure sous le titre de Quels sont ses avantages ? les phrases suivantes : « l’auto-entrepreneur doit s’acquitter d’un seul prélèvement équivalent à 13% de son chiffre d’affaires mensuel ou trimestriel pour toute activité commerciale, 20,5% pour une activité libérale ou à 23% pour les activités de service ; il n’y a aucune autre taxe à acquitter : ni TVA, ni Taxe professionnelle ; s’il ne réalise aucun chiffre d’affaires, l’auto-entrepreneur ne paie aucune charge ». L’Etat peut-il ainsi se dédire et exiger aujourd’hui de ses services fiscaux qu’ils se livrent à un véritable racket sur ceux qui sont tombés dans le panneau de l’auto-entreprise ?

Services à la personne : 6,6 milliards pour créer des emplois précaires de domestiques pour riches

16 h 59 – « En Juillet 2005, la loi Borloo crée le chèque emploi service universel (Cesu). Il permet aux particuliers employant des travailleurs à domicile, de bénéficier de 50% de réduction d’impôt. Le gouvernement nous annonçait alors la création massive d’emplois. Cinq ans plus tard, on peut constater le désastreux bilan de cette politique : la politique fiscale en matière de services à la personne est injuste, coûteuse, et inefficace en terme de création d’emplois. En 2009, cette politique a coûté 6,6 milliards d’euros à l’Etat pour créer seulement 17 000 emplois en équivalent temps plein, qui bénéficient pour l’essentiel aux 10% des Français les plus riches selon la Cour des Comptes (2010). C’est du propre ! Plutôt que des temps pleins, ce sont des milliers d’emplois précaires qui ont été créés. Des milliers de salarié-e-s (des femmes à 95%), se retrouvent à temps partiel imposé, en moyenne 10 heures de travail hebdomadaire selon l’économiste Florence Jany-Catrice. Comble de malchance, si elles peuvent cumuler le RSA avec leur salaire moyen de 690 euros par mois, elles accumulent surtout les employeurs (3,9 en moyenne). La politique du gouvernement subventionne la précarité et engraisse des entreprises privées comme Acadomia et Shiva en lieu et place de vrais emplois. Tout cela mérite un bon coup de balais : halte aux sévices à la personne ! L’Etat doit arrêter sa distribution de friandises car ce n’est pas encore Noël, et doit réaffecter les 6,6 milliards qui permettront de financer plus de 300 000 emplois en CDI à temps plein ! » Le Collectif L’appel et la pioche, connu pour avoir organisé des pique-niques sauvages dans les supermarchés, vous invite donc, munis de vos balais et serpillères, à vous joindre à l’action festive qu’il organise demain à 11 h au salon des services à la personne (Paris) : « Munis d’ustensiles de nettoyage et de produits ménagers, nous irons javelliser et dépoussiérer l’une des principales niches à précarité du secteur des services à la personne. Une manière de dénoncer la politique gouvernementale en la matière, qui subventionne la précarité et favorise les plus riches.« 

25 novembre

La position antisociale des « ségolénistes supposés »

11 h 28 – Coup de gueule (justifié) du socialiste Gérard Filoche ce matin sur sa page Facebook : « Hier soir à Paris, des « ségolénistes » (supposés) comme on dit, ont déposé un amendement pour la convention « égalité réelle » : « Le contrat doit l’emporter sur la loi ». Savent-ils que c’est le slogan de la régression, de l’inégalité, de la barbarie, du retour avant la République, la citoyenneté… en un mot, du Medef ? « La liberté de penser s’arrête là où commence le code du travail » ? » La dernière phrase qu’il cite, si cynique et caricaturale, a pourtant bien été prononcée par Laurence Parisot*, présidente dudit Medef. Précisons le propos : affirmer la primauté sur contrat sur la loi revient à ignorer le fait qu’un contrat n’est pas forcément conclu librement par les deux parties, à l’exemple du contrat de travail qui voit le salarié soumis à l’autorité de l’employeur, surtout en période de chômage de masse. Ajoutons une autre citation, du prédicateur religieux, journaliste et homme politique Henri Lacordaire (1802-1861) : « Entre le faible et le fort, c’est la loi qui protège et la liberté qui opprime ».

*Dans Il était une fois le salariat, documentaire d’Anne Kunvari, Iskra, Paris, 2006.

Réforme de la Taxe professionnelle : du cousu main pour le Medef, au détriment des petites entreprises

08 h 00 – « Après la réforme de la taxe professionnelle (TP) qui devient la contribution économique territoriale (CET), nombre de petites entreprises commerciales et artisanales, qui viennent de recevoir leur feuille d’imposition, ont constaté avec surprise qu’elles paieront autant sinon plus qu’avec l’ancien système, alerte La Provence. Par ailleurs, les entreprises de services comme des sociétés de téléconseils, des cabinets comptables, des agences de voyage et d’intérim, qui génèrent un gros chiffre d’affaires sans avoir beaucoup d’investissements, sont elles aussi défavorisées par ce nouveau système ». Normal : le Medef se fiche comme d’une guigne des petites entreprises et le gouvernement, comme d’habitude, fait la politique du syndicat des sociétés du Cac 40. Aussi la réforme de la TP finance-t-elle les nouveaux cadeaux fiscaux aux entreprises qui font déjà des milliards de profit par des prélèvements sur celles qui peinent à survivre : comme un condensé de la ligne de conduite constante de l’Union pour une Minorité de Privilégiés.

24 novembre

Non, les procureurs ne sont (évidemment) pas indépendants !

10 h 45 – « La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) vient d’épingler la France pour l’absence d’indépendance de son parquet à l’égard du pouvoir exécutif, annonce La voix du Nord, en pleine polémique sur le rôle du parquet de Nanterre dans l’affaire Woerth-Bettencourt (fin octobre, le procureur de Nanterre Philippe Courroye a été forcé d’abandonner les enquêtes qu’il conduisait dans l’affaire Bettencourt après avoir été notamment critiqué pour sa proximité avec le pouvoir). » La chose coule de source, la CEDH l’avait du reste déjà affirmé, mais il est toujours bon de le rappeler à ces butés du pouvoir qui nient l’évidence. L’ancienne ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, était spécialiste de la chose. Son successeur, Michel Mercier, semble suivre ses traces puisqu’il a décidé de faire appel du jugement de la Cour européenne. Mais il ne fait là que gagner du temps. Il faudra bien qu’un jour, le parquet soit enfin indépendant du gouvernement, pour l’empêcher d’étouffer à sa guise toute affaire gênante.

Honte au Cran !

07 h 10 – Ainsi le Conseil représentatif des associations noires a-t-il finalement décidé de retirer sa plainte contre le directeur de cabinet de Brice Hortefeux, Michel Bart, auteur de la directive de la honte ciblant « en priorité les Roms ». Lisons la justification du président de l’organisation, Patrick Lozès« Nous avons finalement suspendu notre action en justice car entre temps, le Cran a reçu un courrier du ministère de l’Intérieur. Dans cette lettre, Michel Bart exprime ses regrets et les plus hautes autorités du ministère s’engagent à réactiver la politique de lutte contre le racisme. Notre action en justice a amené une prise de conscience place Beauvau. Le ministère de l’Intérieur a entendu nos arguments, a noué un dialogue avec nous et s’engage. » A quoi ? « Le Cran et le ministère de l’Intérieur vont travailler de concert au lancement d’un observatoire du racisme en France. » Ainsi le ministère de l’Intérieur va-t-il échapper à une infamante deuxième condamnation par la Justice pour racisme, après celle de son patron, condamnation qui était acquise, comme nous l’écrivions hier. Tout ça parce que le ministère promet la création d’un comité Théodule. « Une prise de conscience place Beauvau » ? Mais Lozès nous prend vraiment pour des cons ! Comme si la Sarkozie n’avait pas prouvé, dès le premier jour, qu’elle institutionnalisait la xénophobie d’Etat ! Comme si Nicolas Sarkozy n’avait pas encore affirmé, dans son dernier show télévisé, que la France avait agi dans le respect de la légalité concernant les Roms, poussant cette pauvrette de Claire Chazal à reconnaître que la Commission européenne l’avait admis – qui s’est couchée, elle aussi. Dans la légalité, avec une directive ciblant nommément et explicitement un groupe ethnique, retirée en catastrophe suite au scandale causé par sa révélation ? Allons, il n’y a rien à espérer des gens du pouvoir en matière de lutte contre le racisme. Le dernier remaniement ne consacre-t-il pas l’entrée au gouvernement de Thierry Mariani, et avec lui celle de l’extrême droite ? Qu’on nous montre en quoi l’ex député de Vaucluse se différencie d’elle ! Le parti de Philippe de Villiers n’est-il pas membre de la « majorité » présidentielle ? En retirant sa plainte, le Cran se fait le complice objectif de la politique xénophobe du gouvernement, passée, présente et à venir. Honte à lui ! Question subsidiaire : pourquoi pas une seule association représentative des Roms ne s’est-elle portée partie civile ? Et la Ligue des droits de l’Homme ? La Licra SOS Racisme ? L’épilogue de cette lamentable affaire illustre une grave défaillance des défenseurs français des droits de l’Homme, grâce à laquelle l’extrême droite au pouvoir va tranquillement continuer à sévir, bombant le torse au lieu de se voir officiellement déshonorée par la justice de la République.

23 novembre

Jean-Pierre Brard superstar !

23 h 59 – La vidéo date du débat parlementaire sur les retraites du 10 septembre mais le buzz a prolongé sa notoriété bien au-delà de l’hémicycle, visionnée plus de 175 000 fois ! Elle montre le sympathique député de Seine-Saint-Denis Jean-Pierre Brard (apparenté communiste) mettre le nez de la droite des larbins du Medef et du Cac 40 sur le résultat de leur politique antisociale. Le moment clé le voit sortir d’édifiants graphiques et ainsi les commenter (verbatim sur le site de l’Assemblée nationale) : « Ce premier schéma concerne l’augmentation des dividendes par rapport à la valeur ajoutée. Pour ne pas remonter jusqu’à Vercingétorix, on va partir de l’année calamiteuse de l’arrivée de sa majesté impériale rue du faubourg Saint-Honoré. Ce sont alors environ 15% de la valeur ajoutée qui partaient en dividendes. Vous voyez où nous en sommes aujourd’hui ! Vous avez trouvé des sous à mettre dans les poches des actionnaires. Les dividendes ont augmenté et, dans le même temps, depuis que Nicolas Sarkozy est là, il y a eu – voyez ce deuxième schéma – 700 000 chômeurs de plus. C’est le résultat de votre politique, et c’est ce qui permet à Pierre Méhaignerie de prétendre que nous accordons plus d’aides sociales. Évidemment ! Vous fabriquez des chômeurs : la moindre des choses, c’est de ne pas les condamner à la famine comme certains d’entre vous seraient prêts à le faire. Regardez maintenant comment ont évolué les cadeaux fiscaux aux actionnaires. Depuis que Nicolas Sarkozy est arrivé, ils sont passés de 19,4 à 30,7 milliards. Ce sont des chiffres de l’Accoss et de l’Urssaf, ils ne sortent pas de L’Humanité. Les riches, vous les aimez tant que vous les défendez avec zèle. Je vous comprends d’ailleurs. Vous êtes des travailleurs consciencieux, vous avez été envoyés ici pour cela et vous essayez d’être dignes de la confiance que les privilégiés vous ont accordée. Les revenus supérieurs à 500 000 euros ont progressé de 80% entre 2004 et 2009. Dans la même période, les foyers redevables de l’ISF ont progressé de 70%. (…) L’essentiel, et c’est notre rôle, c’est de faire tomber le masque, de montrer pour qui vous roulez, et de prouver que votre loi n’est pas nécessaire. Chaque année, la richesse du pays augmente en moyenne de 2%, la question est de savoir comment on les répartit. Votre choix, c’est de les mettre dans les poches déjà pleines. Nous, c’est de les donner aux gens qui n’ont rien dans leur assiette. » Des vérités toujours bonnes à rappeler.

22 novembre

L’attentat juridique de Michèle Alliot-Marie

17 h 52 – Le Secrétaire général adjoint du Syndicat de la magistrature Benoist Hurel signe dans Libération une tribune titrée Il est désormais interdit de boycotter : « On a les victoires qu’on peut : Michèle Alliot-Marie a, il y a quelques mois, par une simple circulaire, commis un attentat juridique d’une rare violence contre l’un des moyens les plus anciens et les plus efficaces de la contestation des Etats par les sociétés civiles, à savoir le boycott. Le 12 février, la Chancellerie a eu cette idée extraordinaire selon laquelle tout appel au boycott des produits d’un pays n’était qu’une «provocation publique à la discrimination envers une nation», punie d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. Le ministère demande aux procureurs de la République d’assurer une répression «ferme et cohérente» de ces agissements. (…) La notion de discrimination ne peut s’entendre que d’une différence de traitement n’obéissant à aucun but légitime. Une action collective qui viserait à ne pas consommer de produits d’une entreprise parce qu’elle licencie ou délocalise sa production, ou d’un Etat parce qu’il maltraite ses minorités ne peut être qualifiée de discriminatoire, sauf à ôter aux consommateurs leur seul pouvoir, celui de ne pas de consommer n’importe quoi et n’importe comment. (…) L’instrumentalisation d’un texte qui visait à combattre le racisme, le nationalisme et le sexisme est inadmissible, surtout lorsqu’elle vise à faire taire l’engagement citoyen. La circulaire en question, qui a su convaincre au moins un tribunal, constitue donc, pour la société civile, une régression d’une ampleur peu commune. Cette provocation s’est pour l’instant heurtée à un mur de silence. La pénalisation de la contestation est toujours une mauvaise nouvelle pour la démocratie. L’absence de contestation de la pénalisation, lorsque celle-ci ne répond à aucun autre objectif que celui de museler les peuples, n’en est pas une meilleure. » Rappellons que nous soutenons la campagne Boycott désinvestissement sanctions (BDS) destinée à faire plier les autorités israéliennes pour qu’elles cessent de mépriser le droit international et d’opprimer le peuple palestinien. Ainsi, selon le procureur général de Paris, qui juge que « les faits de boycott ou de provocation au boycott peuvent s’analyser, selon les espèces, soit en une provocation à la discrimination, soit en une discrimination ayant pour effet d’entraver l’exercice d’une activité économique », avoir écrit la simple phrase ci-dessus fait de nous un délinquant. Nous persistons et signons.

Contrats chinois d’Airbus : l’intox’ de Sarkozy

11 h 42 – A ceux qui reprochent au chef de l’Etat le faste inouï avec lequel Paris a accueilli le dictateur chinois Hu Jintao, il est de bon ton de répondre sur le terrain du réalisme économique et de mettre en avant les affaires conclues à l’occasion de sa visite. « L’Elysée a enfilé les zéros, annonçant 16 milliards d’euros de contrats pour les entreprises françaises. La Présidence a notamment annoncé 2,5 milliards d’euros pour Areva, et surtout 10 milliards d’euros pour Airbus (14 milliards de dollars) », rappelle Libération. Qui dévoile l’intox’ : « la moitié des contrats concernant Airbus (7,2 milliards sur les 14 milliards de dollars) ont en fait été signés bien avant la visite du président chinois à Paris… et même déjà annoncée par l’Elysée. Ainsi, sur les 102 commandes d’Airbus, seules 66 sont des nouvelles commandes, comme l’a reconnu immédiatement l’avionneur européen… C’est notamment le cas des dix A350. En revanche, 36 A330, pour un montant de 7,2 milliards de dollars avaient déjà été annoncés par Sarkozy lui-même, lors de sa visiste à Pékin en 2007″. La ficelle est grossière, mais ça marche : pour le petit nombre de ceux qui auront pris conscience de la manip’, combien en seront restés au chiffre – mensonger – annoncé par l’Elysée ? Ainsi fonctionne le sarkozysme…

Comment Sarkozy a vengé le prince Jean

09 h 20 – Patrick Devedjian à côté de Jean Sarkozy, c’étaient les jours heureux… Mais aujourd’hui, rien ne va plus pour le premier, ministre de la Relance viré du gouvernement et battu à l’élection de la fédération de l’UMP des Hauts-de-Seine, comme l’annonce Libération. Il est toujours président du Conseil général de ce département mais sa position semble désormais bien fragile. Qu’on ne compte évidemment pas sur nous pour pleurer sur son sort, mais les conditions de son éviction sont révélatrices de la volonté intacte du président de la République de pistonner le prince Jean. C’est en tout cas ce que Devedjian confie au Monde : « Patrick Devedjian raconte ce qu’il appelle « la véritable histoire » de sa défaite à la présidence de l’UMP des Hauts-de-Seine. L’ex-ministre de la Relance a été battu, le 15 novembre, par 319 voix contre 180 par Jean-Jacques Guillet, maire UMP de Chaville. De son récit, il ressort que Nicolas Sarkozy serait intervenu par téléphone auprès de plusieurs élus du département en faveur de M. Guillet. » Devedjian narre notamment une anecdote : « Selon sa version, résume Libé, il a été «convoqué», le 15 octobre, «en urgence par Nicolas Sarkozy», qui «s’est ému que cinq candidats se présentent contre son fils Jean aux élections internes de l’UMP à Neuilly». Le président de la République «m’en a rendu responsable. J’ai dit que c’était faux. Il ne m’a pas cru et, très mécontent, m’a dit que j’aurais bientôt « une surprise », raconte-t-il. » Manifestement, la déconvenue de l’Epad, consécutive à la levée de boucliers de l’opinion, n’a pas suffi à faire comprendre à l’incorrigible Sarkozy que ses attitudes de monarque cherchant à dégager le terrain pour le fiston insupportent les Français.

Légion d’honneur bling bling

06 h 50 – C’est Nicolas Sarkozy en personne qui remettra mercredi, révèle le Canard enchaîné, la Légion d’honneur à… la directrice de la boutique Dior de l’avenue Montaigne à Paris. Politique.net relaie l’information : « Et pourquoi la directrice d’une boutique Dior a-t-elle cet honneur ? Selon la loi, c’est parce qu’elle a rendu un « service exceptionnel ou éminent à la Nation ». Mais quel service a-t-elle bien pu rendre à la Nation ? Les militaires français envoyés en Afghanistan sont-ils habillés en Dior ? Cette directrice de l’avenue Montaigne a-t-elle offert un bijou aux veuves des militaires ? Rien de toute cela, la raison plus basique : Nicolas Sarkozy est un client régulier de cette boutique. « Il y a notamment acheté la bague Cupidon offerte à Carla Bruni en 2008, copie conforme de celle que portait son ex-épouse Cécilia avant son divorce » indique le Canard. Quel service rendu à la Nation ! Après le coiffeur et le bijoutier, le boucher et le plombier de Sarkozy seraient sur les rangs pour la prochaine promotion de la légion d’honneur. »

21 novembre

Epidémie de vols suspects d’ordinateurs en Sarkozie

19 h 22 – Après les trois cambriolages de journalistes dont il était question dans notre billet du 2 novembre, c’est au tour de la rédaction de Rue89 d’être « visitée » : « Le ou les cambrioleurs ont défoncé la porte en bois de la rédaction, située au premier étage d’un immeuble de bureaux en principe sécurisé, géré par la ville de Paris ». L’opération « se solde par le vol de plus d’une vingtaine d’ordinateurs et autre matériel, et la destruction d’autres équipements« , annonce le site. « Ce n’est hélas pas la première fois que Rue89 est cambriolée depuis son lancement en mai 2007. A deux reprises, en août 2007, et en mars 2010, nos locaux avaient été «visités» et des ordinateurs volés. Mais il s’agissait de notre précédente adresse, beaucoup moins sécurisée, en théorie, que l’actuelle. (…) Même s’il intervient dans un contexte politique lourd, avec le vol de plusieurs ordinateurs de journalistes enquêtant sur l’affaire Bettencourt, et les polémiques sur la surveillance des journalistes, il n’est pas possible, à ce stade, de dire s’il s’agit d’un simple cambriolage crapuleux, ou d’une tentative de mettre la main sur des données ou simplement de nous intimider. » Toujours en ce qui concerne les cambriolages « suspects », mentionnons aussi le vol de l’ordinateur portable du député socialiste Bernard Cazeneuve, rapporteur de la Commission d’enquête parlementaire sur… l’attentat de Karachi, survenu il y a environ un an mais rendu public le 10 novembre dernier : « Le dispositif de géolocalisation contenu dans l’appareil n’aurait jamais été déclenché, ce qui signifie qu’il n’a pas été allumé depuis qu’il a été dérobé. Cette indication pourrait signifier que seul le contenu de l’ordinateur intéressait le ou les voleurs, ce qui écarterait l’hypothèse d’un simple acte crapuleux », rapporte Le Point. Vous avez dit bizarre ?

Prions Saint-Medef

15 h 19 – Info relayée hier sur son blog par le journaliste du Monde Philippe Le Coeur : Les limitations des retraites-chapeau et des parachutes dorés annulées par le Sénat. Ah ils sont tellement prévisibles, ces larbins du capital de l’UMP ! Lisez donc la justification de Philippe Marini, le rapporteur général du budget, c’est beau comme de l’antique : « Il s’agit de modifier le code de commerce pour limiter le montant des «retraites chapeau». Or, il n’appartient pas à l’État, et encore moins à la loi de finances, de définir la politique salariale ou quasi-salariale des entreprises« . « Il a repris le même argument pour les parachutes dorés », précise Le Coeur. Ben voyons. S’il revenait à l’État de modérer les abus du capitalisme et d’instaurer plus de justice sociale, on serait en Corée du Nord ! Laissons donc les entreprises faire ce qu’elles veulent, fermer des usines pour les délocaliser et jeter à la rue des armées de gueux, au nom de Saint-Profit, gaver leurs actionnaires et leurs hauts dirigeants… Que les riches s’enrichissent, c’est bon pour Sainte-Croissance, on vous dit ! Et prions Saint-Medef d’accorder au peuple des miettes, amen.

La peau de banane de Mélenchon

12 h 16 – Notre Phrase du jour est signée Jean-Luc Mélenchon, prononcée à son arrivée au Parc des expositions du Mans où se déroule le congrès du Parti de gauche qu’il préside, face à des journalistes l’interrogeant sur une possible implication de Nicolas Sarkozy dans le scandale Karachi. Evoquant des événements « extrêmement graves », il a poursuivi par la formule suivante : « Ça peut être la peau de banane finale sur laquelle va glisser tout le système ». Puisse-t-il avoir raison !

19 novembre

Scandale Karachi : Villepin et Chirac accusés d’homicide involontaire

18 h 55 – Michel Mazens était entre 1995 et 2006 le PDG de la Sofresa, société chargée de négocier au nom de l’Etat français les grands contrats d’armement. Mediapart révèle la teneur de son audition par le juge Renaud Van Ruymbeke, qui confirme que le trio Chirac-Villepin-Millon, comme l’affirmait déjà ce dernier, a bien ordonné d’interrompre les versements aux intermédiaires pakistanais convenus par l’équipe précédente, Balladur-Léotard-Sarkozy, comme contrepartie de la vente de sous-marins. La thèse du rapport Nautilus – et des familles de victimes – veut que cet arrêt ait entraîné l’attentat en représailles. Or que dit Michel Mazens ? « Il raconte comment Dominique de Villepin, secrétaire général de l’Elysée, lui a demandé d’ordonner à Dominique Castellan, le directeur de DCN-I, la branche commerciale de la DCN qui construisait les sous-marins, de cesser de verser les commissions », résume @rrêt sur images« Un soir, je suis ainsi allé voir M. Castellan dans son bureau pour lui faire part de la directive de M. de Villepin. Il a réagi en me disant que pour lui c’était compliqué car c’était faire courir des risques à ses personnels. J’ai appris par la suite que M. Castellan s’était fait confirmer ce que je lui avais dit en interrogeant la DGSE« . Conclusion de Mediapart« en d’autres termes, dès 1995, l’Etat français aurait été conscient du fait que stopper le versement de certaines commissions dans le cadre du contrat Agosta était susceptible de faire courir des risques aux employés de la DCN« , dont 11 ingénieurs ont finalement péri dans l’attentat. Magali Drouet, l’une des porte-paroles du Collectif des familles, en tire la conséquence en annonçant qu’elle demanderait à son avocat, Me Olivier Morice, « de déposer plainte contre l’État français, contre Jacques Chirac, Dominique de Villepin, Dominique Castellan et Jean-Marie Poimboeuf, dans leurs fonctions respectives d’ancien président de DCN-I et président de DCN, pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui et homicide involontaire ». Contrairement à ce que nous écrivions en juin 2009, au moment où l’affaire a éclaté, il nous apparaît aujourd’hui que, malgré tous les efforts en ce sens que vont continuer à fournir les politiques impliqués – et Sarkozy au premier chef -, il sera de plus en plus difficile d’étouffer ce dossier explosif…

18 novembre

Woerth devant la Cour de justice de la République ?

15 h 09 – Figurez-vous, comme si ça ne suffisait pas, que ce si « honnête » Eric Woerth, ex ministre inamovible du Budget puis du Travail, ne trimballe pas les seules casseroles du bettencourtgate : au lendemain de son éviction du nouveau gouvernement, « le procureur général près la Cour de cassation Jean-Louis Nadal a annoncé avoir saisi mardi la commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR) du cas d’Eric Woerth, qu’il soupçonne de favoritisme et de prise illégale d’intérêts lors de la cession de l’hippodrome de Compiègne », annonce Libération, qui publie des extraits du communiqué adressé aux agences de presse : « l’analyse de l’ensemble des documents ainsi communiqués fait apparaître que les conditions de la vente d’une partie de la forêt domaniale de Compiègne effectuée par Monsieur Eric Woerth, alors ministre du Budget, au profit de la société des courses de Compiègne, seraient susceptibles de constituer des indices d’atteintes aux règles régissant la liberté d’accès et l’égalité des candidats dans les marchés publics et les délégations de service public (délit dit de favoritisme) ». Nadal précise avoir reçu « copie du complet dossier de la cession de l’Hippodrome du Putois » et que l’examen qu’il en a fait « met également en évidence la nécessité de faire vérifier, au regard des dispositions du Code pénal relatives à la prise illégale d’intérêts, l’existence ou l’absence de liens d’intérêts entre le ministre du Budget et les bénéficiaires de cette vente ». De quoi s’agit-il ? Résumé d’@rrêt sur images : « Dans cette affaire, Eric Woerth est soupçonné d’avoir cédé à la société des courses de Compiègne, en mars 2005, un terrain domanial – une forêt de l’Etat – au 5e du prix, sans appel d’offre ni publicité, alors qu’il était ministre du Budget ». Détail qui tue, livré par le JDD : Antoine Gilibert, le président de la Société des courses de Compiègne, est aussi l’un des dirigeants de l’association France Galop, à laquelle appartenait à l’époque… Florence Woerth. Et dire que cette dinde de Roselyne Bachelot s’est crue obligée de déclarer, lors de la passation de pouvoir : « Peu d’hommes politiques ont fait l’objet d’attaques aussi odieuses et imméritées que toi, que tu as surmontées avec un courage et un contrôle de soi (…) Chapeau Eric Woerth ! »

PS : l’illustration du haut de l’article provient de l’ami Cui cui fit l’oiseau, accompagnée de la légende suivante : « Madame et Monsieur Woerth à l’Élysée, salués par la Garde Républicaine après la remise du grade de commandeur de  l’ordre de la casserole ».

16 novembre 2010

Juppé aggrave son cas

18 h 13 – Ses promesses réitérées à de multiples reprises de rester maire de Bordeaux à temps plein et de ne pas aller au gouvernement (voir notre Kiosque d’hier) reviennent comme un boomerang à la face d’Alain Juppé. Aussi est-il obligé de tenter de se justifier : « Je sais bien que certains s’interrogent et me demandent pourquoi je retourne au gouvernement, déclare-t-il, cité par L’Obs.com. Il est vrai qu’en 2006, j’ai déclaré que je souhaitais me consacrer à mes fonctions locales, mais chacun a le droit d’évoluer. La crise est passée par là, et il y a des réformes nécessaires et difficiles à mettre en oeuvre. » Décidément, « la crise » a bon dos ! « Nous avons besoin d’une nouvelle feuille de route, notamment en ce qui concerne les attentes prioritaires que sont l’emploi pour les jeunes et les seniors. » Hé Juppé, on te rappelle que tu es ministre de la Défense : quel rapport avec l’emploi des jeunes et des seniors ? « Pour mettre cette feuille de route en oeuvre, il fallait un gouvernement concentré, composé de femmes et d’hommes compétents. » Mais quelle immodestie ! « La défense est un fonction régalienne et vitale. Il y a de nombreuses réformes à faire dans ce domaine, comme le récent traité franco-britannique. » En résumé, il renie sa promesse à cause de « la crise », qui entraîne des « attentes prioritaires » n’ayant absolument rien à voir avec son ministère, mais il était obligé d’accepter le poste pour ne pas priver le pays de ses immenses compétences… Convaincu, ami plumonaute ?

Ne pas désespérer… Neuilly

10 h 33 – « Neuilly est la ville où le taux d’ISF (impôts sur la fortune) est le plus élevé de l’hexagone. C’est une ville qui concentre la fortune, qu’il s’agisse de vieilles familles où des nouveaux riches dans les affaires. Une ville qui incarne l’excellence sociale par les revenus et la position dans la société, très loin des réalités et des préoccupations de la plupart des Français »rappelle Michel Pinçon, co-auteur avec sa femme Monique du Président des riches. Pourquoi cette mise au point ? C’est que 5 membres du gouvernement sur 30 sont nés à Neuilly ! Il s’agit de Georges Tron, Brice Hortefeux, Frédéric Lefebvre, Valérie Pécresse et Bruno Le Maire, auquel on peut ajouter Nicolas Sarkozy lui-même.« C’est représentatif d’un recrutement social qui n’est pas à l’image des Français », commente le sociologue. Nous ajouterions que cette « coïncidence » est tout à fait révélatrice de la politique sarkozyste, outrageusement en faveur des privilégiés. En d’autres époques, le mot d’ordre était de « ne pas désespérer Billancourt », symbolisant la classe ouvrière à cause de l’implantation des usines Renault ; signe des temps, aujourd’hui on cajole Neuilly. Au point que Jean-François Copé, futur nouveau Secrétaire général de l’UMP, a confessé à plusieurs reprises son inquiétude face à « une ambiance malsaine de nuit du 4 août ». Un comble, lorsqu’on sait que cette fameuse nuit vit en 1789 l’abolition des privilèges (de la noblesse et du clergé) ! Que Copé, nanti et super cumulard, ait peur qu’on touche à ses privilèges – et à ceux des membres de sa classe – est compréhensible. Mais qu’il ose le formuler en dit long ! Il y a vraiment quelque chose de pourri en Sarkozie. Comme dit Jean-Luc Mélenchon : Qu’ils s’en aillent tous !

Marie-Anne Montchamp fait de la « prostitution politique »

7 h 53 – Comme si l’on n’avait pas assez d’une Mam au gouvernement, Sarkozy en est allé chercher une deuxième ! Dans la série « je vends mes convictions contre un plat de lentilles », voici Marie-Anne Montchamp et ses faux airs de Zézette dans Le père Noël est une ordure. Députée UMP et porte-parole de République solidaire, le mouvement lancé par Dominique de Villepin, dont on sait qu’il se positionne depuis 2007 comme le recours de droite face à Nicolas Sarkozy qu’il n’a pas de mots assez durs pour critiquer (il est « le problème de la France »), elle entre au gouvernement en tant que secrétaire d’État, auprès de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale (Roselyne Bachelot). Pourtant, à propos de l’affaire des Roms de cet été, elle n’avait pas mâché ses mots, comme le rappelle Guy Birenbaum, exhumant un entretien accordé à LCI/radio : « Une interview dans laquelle Madame Montchamp parlait de la « consternation » qui gagne l’Europe (47″). Madame Montchamp, comme « tous les républicains » disait-elle, se posait un « véritable cas de conscience » (56″), à cause de la manière dont les Roms étaient traités par le gouvernement. Une interview dans laquelle Madame Monchamp affirmait  que « faire de la politique avec ces questions-là, cela a quelque chose de dangereux… » (2’10″). Une interview dans laquelle Madame Montchamp, évoquait un « exécutif qui a dépassé le cadre habituel du fonctionnement républicain. » Et Birenbaum de conclure : « Bienvenue au gouvernement, Madame ». Moins ironique et plus violent, Nicolas Dupont-Aignan, le leader du petit parti gaulliste Debout la République, estime carrément pour sa part sur RMC : « c’est de la prostitution politique ». Une formule choc qu’on pourrait étendre à Eric Besson ou Fadela Amara…

15 novembre 2010

Vous avez dit « gouvernement resserré » ?

16h 32 – C’était dans les promesses de campagne du candidat Sarkozy : « Si je suis élu, mon gouvernement sera limité à 15 ministres pour être plus efficace » et « Je gouvernerai avec un gouvernement resserré ». Le gouvernement Fillon I comptait 16 ministres mais 21 membres avec ses secrétaires d’Etat et Fillon II au départ 33, gonflant ensuite au fil des remaniements jusqu’à 39 membres. Pour être moins efficace ? Mais voilà que l’UMP nous refait le coup : à l’approche du dernier remaniement, elle nous annonce à nouveau un « gouvernement resserré ». Début septembre, comme le rapporte L’Express, le secrétaire général de l’Elysée et bras droit de Sarkozy, Claude Guéant« a évoqué de nouveau un gouvernement « resserré », en soulignant que le président aurait « à l’esprit la référence » du premier gouvernement de François Fillon avec « 16 ministres. » Finalement, caramba, c’est encore raté : le nouveau gouvernement compte 22 ministres (et 8 secrétaires d’Etat). Rassurez-vous, ça n’empêche pas l’UMP d’afficher en titre ce matin, à la Une de son site, on vous le donne en mille : Un gouvernement resserré. Et ces gros malins avaient même entrepris une campagne de communication sur ce thème, comme le raconte le magazine Les  Inrockuptibles : « Si Nicolas Sarkozy passait de 39 à 20 ministres, il permettrait d‘économiser un milliard d’euros sur dix ans. » En voilà une info alléchante en ces temps de remaniement et de rigueur budgétaire ! Surtout quand elle est lancée début septembre sur le ton de la confidence par le porte-parole de l’UMP Dominique Paillé. « On peut vous préparer une note pour vous le développer si vous voulez… » Non seulement on nous donne un scoop, mais en plus il est livré clé en main ! Quelques jours après, la note est envoyée à la rédaction des Inrocks, le tout sur papier blanc sans en-tête et par coursier… Pas de quoi laisser de trace. (…) Si le porte-parole tenait tant à ce que cet argumentaire sorte, pourquoi ne pas avoir attendu son point-presse hebdomadaire du lundi pour le communiquer ? Parce qu’il a plus de poids s’il sort dans un journal réputé de gauche. Alors, on attend… Et là, déçus, les « experts de l’UMP » peuvent compter sur d’autres canards. On voit passer une première brève dans Challenges le 9 septembre, sans indication du mode de calcul : « S’il passait de 39 à 20 ministres, le président de la République permettrait d‘économiser 1 milliard d’euros sur dix ans. » Trois semaines plus tard dans Le Figaro, le 18 octobre, un confidentiel explique que « des experts de l’UMP ont fait leurs comptes ». Ah tiens ! Si « Nicolas Sarkozy opte pour une équipe resserrée », il s’agirait d’une « belle source d’économie ». Banco ! On retrouve les fameux chiffres : « En passant de 39 à 20, l’Etat économiserait 125 millions d’euros par an, soit 1 milliard 250 millions tous les dix ans. » Quant à Dominique Paillé, il s’interroge toujours : « Vous avez tort de ne pas en parler, c’est une info intéressante, surtout à l’approche du remaniement. » Vous pouvez être sûr au moins que si le gouvernement passe de 39 à 20 ministres, on nous fera le coup d’une économie d’un milliard d’euros sur dix ans… » Mais bon, Sarkozy s’avérant finalement incapable de tenir l’objectif, les communicants de l’UMP et leurs zélés relais de la Pravda sarkozyste n’ont plus qu’à remballer leur argumentaire.

Un gouvernement « révolutionnaire » selon Christine Lagarde : à ce stade de foutage de gueule…

14h 42 – Récapitulons : François Fillon reste Premier ministre, comme Brice Hortefeux conserve l’Intérieur, tout en récupérant l’Immigration – quoi de mieux pour s’occuper de ce sujet qu’un homme condamné par la justice pour injure raciale ? -, dont il était déja en charge avant qu’Eric Besson ne lui fasse concurrence en zèle dans la persécution des étrangers ; Christine Lagarde reste à Bercy, comme François Baroin au Budget, Valérie Pécresse, Luc Chatel, Bruno Le Maire, Georges Tron, Benoist Apparu, Marie-Luce Penchard et Frédéric Mitterrand gardant aussi le même portefeuille. Il y a également ceux qui changent d’affectation mais restent au gouvernement : Eric Besson, Pierre Lellouche, Nathalie Kosciusko-Morizet, Michèle Alliot-Marie, Roselyne Bachelot, Nadine Morano, Chantal Jouanno, Laurent Wauquiez, Henri de Raincourt, Michel Mercier et Nora Berra. Comme le résume L’Express« Si l’on excepte les secrétaires d’Etat (Lefebvre, Mariani, Montchamp et Bougrab), les seuls vrais nouveaux s’appellent Maurice Leroy (Ville), Patrick Ollier (Relations avec le Parlement) et Philippe Richert (collectivités). Alain Juppé et Xavier Bertrand ne sont que des grands revenants. Le reste n’est que chaises musicales (Affaires étrangères, Justice, Santé, Sport…) ou statu quo (Intérieur, Bercy, Education, Recherche…) ». Trois vrais nouveaux, donc, sur 22 ministres. Et que nous sort l’impayable Christine Lagarde ? « Le nouveau gouvernement est « totalement révolutionnaire », avec « un tour complet à 360 degrés », a affirmé lundi la ministre de l’Economie ». Il est vrai qu’en opérant un tour à 360 degrés, on se retrouve exactement dans la même position !

Alain Juppé, le maire à plein temps qui n’ira pas au gouvernement et ne changera pas d’avis

9 h 43 – Fort à propos exhumé par L’Oeil du Post, ce florilège de déclarations d’Alain Juppé (repris de justice, rappelons-le) en date de 2008 : « Je serai un maire à plein temps. Les Bordelais et les Bordelaises souhaitent un maire qui se consacre complètement à la gestion de leur ville » ; « Je serai un maire à plein temps, je n’exercerai pas de fonction gouvernementale ou de fonction élective »« Je n’irai pas au gouvernement même si on me le proposait. Je ne sais pas si on me le proposera mais je n’irai pas, parce que je pense qu’il y a beaucoup de choses à faire à Bordeaux »« Je l’ai dit et redit, je ne sais pas comment il faut le dire mais je n’ai pas envie d’aller au gouvernement »« Je n’ai pas changé d’avis et je ne vais pas changer d’avis, ni ce soir, ni demain, ni après-demain. » Tout ça pour en arriver à cette petite phrase lâchée hier – avant même l’annonce de la composition du nouveau gouvernement : « Je resterai maire (…) et d’ailleurs je ne serai pas le seul dans cette situation, ce n’est pas la première fois qu’un ministre est le maire d’une grande ville ». Ni qu’un politicien renie sa parole. Juppé est donc le nouveau ministre de la Défense. Les promesses n’engagent que ceux qui les croient : une maxime à méditer pour « les Bordelaises et les Bordelais ».

14 novembre

Les indemnités maladie et maternité rabotées en douce

9 h 26 – « Les indemnités journalières pour congés maladie et maternité vont baisser pour toutes les personnes qui s’arrêteront de travailler à partir du 1er décembre, annonçait hier le député socialiste Jean-Louis Bianco sur son blog. Des baisses décidées par décrets parus dans le Journal Officiel du 31 octobre. Ces indemnités seront désormais calculées sur 365 jours et non plus 360, et baisseront donc de 1,4%… » L’information était déjà livrée le 2 novembre par Les mots sont importants, qui fustigeait la méthode du gouvernement : « Le dimanche de la Toussaint : c’est le jour qu’a choisi le gouvernement pour publier un décret plutôt… mortel ! (…) Cette histoire de faire voter des lois en plein jour, par des gens qui passent ensuite à la télé pour raconter leur vie, c’était trop voyant. Il fallait donc trouver plus discret. C’est réussi. Pas de vote, pas de discussion, pas d’annonce, juste un décret griffonné sur le coin d’un bureau, en loucedé… » LMSI chiffre la perte : « Pour quelqu’un qui touchait dans les 1500 euros bruts, la perte mensuelle sera de 20 euros, comme l’a évalué Melclalex. Pas de quoi en faire une maladie… Quoi que. Faut-il rappeler qu’en 2008, près de 9 millions de Français se sont privés de soins par manque d’argent ? Non seulement l’Etat économisera entre 70 et 100 millions d’euros sur le dos des malades, déjà pliés en deux, mais en plus, ceux-ci rechigneront à consulter en cas de nouvelle affection : et hop, une nouvelle économie pour la Sécu. Ce qu’on appelle faire d’une pierre deux coups… de massue ! » Pendant ce temps-là, Sarkozy s’offre son avion présidentiel pour 176 millions d’euros et le bouclier fiscal est toujours en vigueur : n’allons-pas nous étonner qu’il faille pour cela faire les poches des plus modestes !

13 novembre 2010

Sarkozy, « le garçon mal élevé de la scène internationale »

Si encore c’était mieux en France…

20 h 59 – Il nous arrive rarement – de mémoire, c’est même la première fois ! – de citer ici un banquier d’affaires. Nous allons pourtant le faire, en relayant l’apostrophe adressée à Nicolas Sarkozy sur son blog par Georges UgeuxPDG de Galileo Global Advisors, « une mini banque d’affaires internationale à New York », comme l’énonce sa bio qui précise que « De 1996 a 2003, il a été Executive Vice President International du New York Stock Exchange »Monsieur Sarkozy, il est temps de renoncer à être le garçon mal élevé de la scène internationale, titre donc notre homme, qui s’explique ainsi : « Cette fois, il a vraiment dérapé. Arriver au G20 après le début et partir avant la fin, c’est un comportement inacceptable pour un Chef d’Etat. Aucun autre dirigeant du  G20 ne s’est permis une telle indélicatesse. Ce qui ne l’a pas empêché de tenir une conférence de presse à l’usage des médias français comme si de rien n’était. Dix-neufs chefs d’Etat et de gouvernement du G20 ont discuté d’un des problèmes les plus épineux de notre économie mondiale : les déséquilibres croissants entre les économies principales et les problèmes liés à l’action américaine qui affaiblit le dollar et crée d’énormes tensions sur le protectionnisme. [Rien à redire sur le comportement de la Chine ? NdA] Cette impolitesse est, fort heureusement, sans conséquences sur les débats du G20 qui n’ont pas besoin de la France pour se dérouler. (…) Il y a une tradition dans les présidences tournantes : le président de la session suivante joue un rôle particulier lors de la session précédente pour assurer la continuité des débats. Monsieur Sarkozy a, par son absence, dit aux Coréens qu’il considérait leur présidence comme insignifiante. Connaissant les susceptibilités de ce pays, ce ne sera pas oublié lorsque la France cherchera de «gros contrats». Mais surtout, cela rend inefficace la présidence française à venir. Plutôt que de préparer le terrain pour les débats suivants, le président de la France a préféré la chaise vide. C’est un faux-pas diplomatique, et une insulte aux 19 autres nations. Préférer les cérémonies du 11 novembre et dévoiler une nouvelle plaque pour des lycéens qui s’étaient opposés aux Allemands en 1940 est sympathique. » Sauf qu’une plaque existait déjà, à 25 m, pour commémorer le même événement ! « Mais lorsqu’on a le privilège d’être autour de la table des principaux dirigeants du monde, on s’y rend. Cette attitude  ne peut que renforcer l’image d’une attitude française aussi irresponsable qu’arrogante. Y compris pour le President Hu Jin Tao que l’on recevait avec faste la semaine précédente et qui, tout comme Barack Obama, Angela Merkel et les autres, ont fait le déplacement dans la capitale coréenne. La France ne mène pas le monde à sa guise. (…) La France mérite mieux qu’un Président qui fait passer son narcissisme avant ses intérêts nationaux. » Banquier d’affaires ou pas, nous sommes d’accord.

Article 11, de la toile au papier

10 h 57 – Ami plumonaute, ce matin, tu vas te rendre séance tenante chez ton dealer de presse préféré et lui acheter un exemplaire (ou trois ou quatre, pour offrir à des copains) du nouveau bimestriel de la presse alternative, Article 11, comme le site du même nom (et l’article de la déclaration des droits de l’Homme concernant la liberté d’expression). 24 pages, 2,50 euros. Parce que ce sont des cyber camarades et que le site est de grande qualité. Qu’il y a notamment des morceaux de Charançon libéré dedans – en fait, c’est lui, mon cyber camarade. Bon, les gars sont manifestement plus doués pour écrire des articles que pour faire la promo de leur canard : impossible de te dire exactement ce qu’il y a dedans. D’après le reportage photo live from ze imprimerie, un papier est titré Nous sommes tous des casseurs (ouais !), un autre Sévice social (re-ouais !) et leur charte éditoriale, en 11 articles (évidemment), précise au point 7 Révolution – c’est écrit : anarchie vaincra, insurrection viendra. En attendant, pas question de se morfondre (ouais ter !). Tu vois l’esprit, quoi. Alors je vais moi aussi sortir en acheter un et je reviens t’en parler. Enfin, je veux dire qu’on revient pour en parler ensemble, puisque tu auras toi aussi acheté le tien. Ça roule ? A tout à l’heure, alors.

PS : l’unique marchand de journaux du village, pour cause de « changement de propriétaire », était fermé. Nous reviendrons donc plus tard sur le contenu de ce nouveau titre.

12 novembre 2010

« Air Sarko One » : quand le président s’envoie en l’air… avec notre argent

23 h 38 – « Bouffi d’orgueil«  : ainsi qualifiions-nous Nicolas Sarkozy dans notre billet du 11 novembre. La mise en service de son nouvel Airbus, surnommé « Air Sarko One » en référence au « Air Force One » du président états-unien, nous donne l’occasion de remettre le couvert. Certes, son autonomie est de 11 000 Km, contre 7300 pour les deux anciens avions jusqu’alors utilisés, ce qui a permis à Sarkozy de rallier Séoul sans escale, pour le G20 : la belle affaire ! « La majorité s’emploie à relativiser les chiffres et à justifier l’utilité de l’avion, explique Le Monde. Oui, il y a une chambre, avec lit double, mais une simple douche ; une salle de communication ultrasophistiquée mais capable d’assurer un contact permanent entre le président et son administration ; un centre médical [avec bloc opératoire, NdA] et des leurres antimissiles pour la sécurité ; 60 places passagers mais avec des équipements de travail… » Mais à quel prix ! « 176 millions d’euros, récapitule le quotidien, dont 60 millions pour l’achat, 91,5 pour l’aménagement, 20,5 pour la sécurisation des communications et les systèmes d’écoutes, et 4 millions pour la qualification de l’appareil, précise un rapport parlementaire. »

Détail que personne ne mentionne aujourd’hui : ce n’est pas le prix qui était avancé au départ, comme l’établit le blog Défense en ligne, du Monde diplomatique, dans son article du 9 novembre… 2009, reprenant « l’argumentaire développé depuis par l’Elysée pour justifier cet achat, considéré à gauche comme somptuaire ou inutile : (…) un achat d’occasion [à Air Caraïbes, NdA] (60 millions d’euros – soit la moitié du neuf – mais sans l’aménagement VIP, estimé à une trentaine de millions supplémentaires) ». Ça c’est de l’estimation : il en coûtera donc au final… plus de trois fois plus ! Surtout, le total de 176 millions fait singulièrement tache dans le contexte du plan de rigueur « sans précédent », comme s’en vante le ministre du Budget François Baroin, destiné à réduire les dépenses de l’Etat. Avec l’explosion du chômage, la montée de la misère et de la précarité… On taille partout où l’on peut mais pas touche au joujou de Sarko ! Parce que c’est bien ce dont il s’agit en définitive. Un cadeau de Noël anticipé pour un gamin irascible et capricieux, qui ne se refuse rien et ne supporte pas qu’on lui fixe une quelconque limite. Le Premier ministre anglais, David Cameron, n’affrête-t-il pas un avion de ligne ordinaire pour ses déplacements ? Pourquoi ce qui est bon pour l’Angleterre ne le serait-il pas pour la France ? La réponse tient dans le dessin ci-dessous signé Bar.

London’s burning

12 h 28 – « Au pouvoir depuis mai dernier, le gouvernement britannique de David Cameron a fait face ce mercredi à sa première grande manifestation, relate le site de TF1. Le mois dernier, l’annonce du plan drastique de restriction budgétaire avait été à l’origine de quelques défilés, sans plus. Ce mercredi, le rassemblement des étudiants, qui protestaient contre la hausse des frais d’inscription à l’université, a en revanche été beaucoup plus important et plus violent. Entre 20 000 personnes, selon la police, et 50 000, selon les organisateurs, ont marché dans les rues de Londres. La manifestation a dégénéré quand des participants ont pénétré par la force dans l’immeuble qui abrite le siège du Parti conservateur, la formation de David Cameron, en brisant les vitres. Les policiers ont dans un premier temps essayé de les repousser à coups de matraques, avant de se résigner à un long face à face, qui a duré plusieurs heures. Plusieurs dizaines de manifestants ont réussi à accéder au toit, où ils ont déployé des banderoles. D’autres ont allumé un feu devant la tour. » L’événement inspire au camarade TGB un billet incandescent sur son blog Rue-Affre, dont nous ne résistons pas à vous livrer un extrait : « C’est au cri de «tous ensemble, tous ensemble, ce n’est qu’un début…» en français dans le texte, que 50 000 étudiants britanniques ont manifesté mardi 10 novembre, dans les rues de Londres, jusqu’à aller botter le cul de leur petit marquis poudré de la high classe, David Cameron, apprenti premier ministre en son sursis et QG. C’est au cri de «grève générale», en français dans le texte, et «Tory racaille» que les jeunes manifestants remontés comme des pendules contre le triplement des droits d’entrées à l’université : 3290 livres soit 3777 euros aujourd’hui et 6000 à 9000 livres demain, sont allés fort opportunément saccager le siège du parti prédato-conservateur. Oh la belle idée. Et c’est une foule en une colère spontanée qui submergea une police aux abois, ne soupçonnant même pas cette fureur rentrée qui se libérait soudain. «J’ai vu des images montrant des gens se livrant à la violence et à la destruction de biens, ce qui est complètement inacceptable», nous déclare le petit Lord Cameron, fossoyeur de la classe moyenne anglaise où ce qu’il en reste, et nous sommes bien d’accord avec lui. Que les casseurs planqués, les saccageurs en gants blancs de l’oligarchie politico-financière, infligeant de la misère, rebaptisée rigueur en leurs éléments de langage pernicieux, de derrière les vitres fumées de leur Bentley, soient châtiés et congédiés enfin comme ils le méritent. » En France, plusieurs permanences de l’UMP ont été murées en régions – avec l’amusant slogan « autant parler à un mur » – et l’antenne grenobloise du Medef, hélas pour elle sur le parcours, fut bombardée d’oeufs à chaque manifestation. Mais les étudiants anglais, aidés il est vrai par une police « aux fraises » – la Sarkozie possède avec ses robocops une large avance sécuritaire ! – ont frappé un coup bien plus spectaculaire. Visiblement, l’heure est moins au légendaire flegme britannique qu’au non moins célèbre fighting spirit !

Ces pré-retraités qui doivent retourner bosser

10 h 14 – Etait-ce si difficile d’inclure dans la loi sur les retraites un article concernant les pré-retraités, qui précise que la réforme ne les concerne pas ? Eh bien ces abrutis incompétents qui légifèrent n’y ont pas pensé ! Témoin l’histoire, relatée par le Télégramme, de ce salarié du Crédit Mutuel-Arkea : « Roger Le Bris, qui habite Le Conquet, à la pointe du Finistère, a 59 ans. Il était depuis douze ans délégué syndical national CFDT au Crédit Mutuel, jusque début août dernier. À cette date, il est parti en congé du Crédit Mutuel-Arkea, et ce grâce à un accord d’entreprise appelé CapAvenir. Ce qu’il avait abondé dans cet accord, en termes de RTT ou de primes, lui permettait d’anticiper sur sa date normale de départ à la retraite, le 1er septembre 2011, à 60 ans, avec les annuités requises. Mais cela, c’était avec l’ancienne loi sur les retraites. Avec la nouvelle, promulguée hier, Roger Le Bris, né début août1951, doit travailler jusqu’à 60 ans et 4 mois. Et devrait donc, au moins en théorie, revenir travailler au terme de son congé, à 60 ans, pendant quatre mois. Le sujet est quelque peu embarrassant, d’autant que Roger Le Bris n’est pas le seul dans ce cas. Ils sont soixante concernés au Crédit Mutuel-Arkea, avec, pour certains, des délais plus longs de retour, jusqu’à huit ou douze mois. » Combien dans la France entière ? La direction du Crédit Mutuel-Arkea propose aux personnes concernées de revenir, de prendre un congé sans solde ou de « panacher les deux ». Réaction de Roger Le Bris : « ma femme est partie à la retraite anticipée de l’hôpital, avec le dispositif trois enfants. Je ne nous vois pas vivre pendant quatre mois avec 1 100 euros ». Et revenir travailler serait parfaitement injuste puisque, comme le précise l’article,  » en septembre 2011, Roger Le Bris aura bien dans son cas le nombre de trimestres réclamés dans la nouvelle loi, mais pas l’âge. On s’en douterait à moins : l’ancien permanent syndical ne se prive pas de juger «bâclée» la nouvelle loi. » C’est bien le moins qu’on puisse dire et nous aurions utilisé d’autres mots bien moins polis !

11 novembre 2010 : jour férié pour le Kiosque aussi !

10 novembre 2010

Pris la main dans le sac, Fillon nie l’évidence

19 h 08 – Une dépêche du Journal du dimanche nous apprend que « Le Premier ministre, François Fillon, a déclaré mercredi devant l’Assemblée nationale que les interceptions de sécurité, notamment l’étude des factures téléphoniques détaillées, se faisait dans « le strict respect des libertés publiques. » Cette bonne blague ! S’il s’est senti obligé d’aborder le sujet, c’est que l’affaire de l’espionnage des journalistes, dont nous vous parlions très longuement le 4 novembre, connaît un rebondissement spectaculaire : « France info a pu avoir accès au contenu d’une note signée par Jean-Paul Faugère, le directeur de cabinet de François Fillon. Ce document classifié « confidentiel défense » a été envoyé au courant du mois d’octobre au ministère de l’Intérieur. Il souligne que la loi interdit aux services de renseignement de se procurer directement les factures détaillées auprès des opérateurs de téléphone. La note stipule que « l’article 20 de la loi de 1991 sur les interceptions de sécurité ne peut être invoquée pour recueillir des données personnelles ». Ce ne sont donc plus quelques journalistes qui le dénoncent mais Matignon qui, en quelque sorte, en atteste… Implicitement, cette note reconnaît en effet que cette pratique a bel et bien existé. Et qu’elle est illégale, contrairement à ce qu’ont affirmé au début de cette affaire le directeur de la police nationale Frédéric Péchenard, et le directeur de la DCRI, la direction centrale du renseignement intérieur, Bernard Squarcini. » Alors reprenons, Fillon : si tout se fait dans « le strict respect des libertés publiques », pourquoi a-t-il fallu envoyer une note confidentielle au ministère de l’Intérieur pour lui rappeler de respecter la loi, gros malin ? Confondu par cette révélation, Fillon choisit de nier l’évidence. Sans tromper personne.

« La farce du remaniement »

13 h 49 – Remarquable article de Laurent Mauduit publié par Mediapart sous le titre suivant : Sous la farce du remaniement, la crise du sarkozysme. En voici l’introduction : « C’est dans les gènes de la Ve République : compte tenu du rôle mineur qui est dévolu au premier ministre et au gouvernement, un remaniement n’a jamais grande importance. Pour le président de la République, quel qu’il soit, l’opération n’est, le plus souvent, que le prétexte à quelques ajustements humains ou l’occasion de quelques inflexions politiques, principalement dans les domaines économiques ou sociaux. On aurait pourtant tort de ne pas prêter attention à la mise en scène du remaniement que prépare Nicolas Sarkozy. Car ce dernier use et abuse tellement du pouvoir exorbitant que lui confèrent les institutions néo-bonapartistes de la Ve République, que la manœuvre à venir aura tout de la parodie : une médiocre et consternante opération de communication dans l’espoir – vain – de tourner la page de la crise sociale (réforme des retraites) et des scandales d’Etat (affaire Karachi et Bettencourt). Juste une farce, pour occuper les journaux télévisés de 20 heures des grandes chaînes et donner l’impression de garder la main. » La suite, comprenant un extrait prophétique du fameux Coup d’Etat permanent de François Mitterrand, qui semble écrit pour décrire le sarkozysme, est à lire (pour les abonnés de Mediapart) à cette adresse.

La relève est assurée

11 h 57 – C’est donc l’année de ses 10 ans que le jeune Alix B. a connu son premier mouvement social. A l’appel des élèves de Troisième de son collège, au plus fort de la mobilisation pour défendre nos retraites, il fut avec l’un de ses camarades le seul Sixième à se mettre en grève durant une heure, restant assis dans la cour au lieu d’aller en classe. Et n’allez pas croire qu’il n’est pas informé : il nous a posé quantité de questions à propos de la loi Woerth-Fillon-Sarkozy ! La valeur n’attend pas le nombre des années, dit-on… Qu’on nous pardonne ce message personnel : tu as 11 ans aujourd’hui, bon anniversaire, mon fils.

Filoche : un « coup de force anti-démocratique »

11 h 27 – « Nicolas Sarkozy a promulgué la loi sur la réforme des retraites, annonce ce matin le site du Journal du dimanche. Le chef de l’Etat n’a pas perdu de temps. Mardi, le Conseil constitutionnel validait le texte. Mardi, le président promulguait la loi. Mercredi matin, le Journal officiel publiait les 118 articles. » Décidément, après les journaux de France 2 muets sur la question, personne ne parle-t-il donc des 13 articles inclus dans le texte, réformant la médecine du travail et rejetés par le Conseil constitutionnel ? « La réforme, contre-signée par le Premier ministre et neuf ministres, entre alors en vigueur. » Réaction tonitruante du socialiste Gérard Filoche sur sa page Facebook, sous la forme de trois messages successifs : « Le type du Fouquet’s qui allait chercher des enveloppes chez Bettencourt a promulgué la loi scélérate de pillage des retraites, de nuit », suivi de « c’est la nuit, à la sauvette, que la loi de pillage de 30 ans d’acquis en matière de retraite a été promulguée », et enfin « Jamais la plaie ouverte de ce coup de force anti-démocratique, contre 75% de la population et contre le plus grand mouvement social de l’histoire de ces 40 dernières années, ne se refermera tant que cette loi Sarkozy scélérate de pillage des retraites ne sera pas abrogée et tant que son auteur ne sera pas chassé ». Filoche ne pratique certes pas la langue de bois !

9 novembre 2010

Tout va très bien, Madame la marquise Morano

19 h 23 – « Ils ont 20 ans mais n’ont pas le cœur à la fête. Loin de l’image d’une jeunesse insouciante et rêveuse, eux pointent au chômage ou ont un travail qui ne leur permet pas de boucler les fins de mois. Ils sont même de plus en plus nombreux à frapper à la porte d’une organisation caritative pour recevoir un colis alimentaire. C’est ce qui ressort du rapport annuel du Secours catholique rendu public ce matin. L’association note une augmentation du nombre de moins de 25 ans dans ses antennes, qui représentent désormais 11% des personnes accueillies », annonce Vincent Mongaillard dans Le Parisien. Un jeune de 18 à 25 ans sur cinq vit désormais en dessous du seuil de pauvreté. Mais il n’y a pas besoin de faire un « virage social », expliquait hier soir dans Mots croisés Madame la marquise Nadine Morano.

« La mortalité infantile ne baisse plus en France depuis 2005 et a même augmenté en 2009, selon une étude publiée aujourd’hui par l’Insee, qui n’a pas identifié « d’explication claire » à ce phénomène, rapporte l’AFP le 27 octobre dernier. Du coup, dès 2008, « au classement des plus faibles taux de mortalité infantile, la France est ainsi passée du 5e rang européen en 1999 au 14e », ajoute l’Insee. (…) La France se situe désormais notamment derrière la Grèce et l’Espagne. (…) « On a cherché des explications du côté des mères : on a examiné leur âge, leur nationalité, leur catégorie sociale, leur lieu de résidence mais il n’y a pas d’explication claire », selon Xavier Niel, de l’Insee. « On peut peut-être supposer des choses (explicatives) du côté de l’offre de soins », a-t-il ajouté, indiquant que l’Insee allait lancer une étude sur ce sujet, aux côtés des autorités sanitaires. » Mais quand Eva Joly proteste des menaces qui pèsent en France sur l’éducation et la santé, Madame la marquise Morano vitupère : « Je ne peux pas vous laisser dire ça ! » Et elle ajoute que supprimer un fonctionnaire sur deux vise l’objectif de « mieux organiser » le fonctionnement des services publics.

« Selon l’Insee, un ouvrier non qualifié a aujourd’hui une espérance de vie à 35 ans plus faible de neuf années par rapport à un cadre de la fonction publique, rappelle Carine Fouteau sur Mediapart. La différence est encore plus grande en prenant en compte l’espérance de vie en bonne santé : un cadre de 35 ans peut espérer vivre encore 34 ans sans incapacité, contre 24 ans pour un ouvrier. En un quart de siècle, l’écart entre les deux groupes a augmenté de 16%, notamment sous l’effet, au cours de la période récente, de la hausse des différences de revenus en France, entre les très riches et les très pauvres. » « Les personnes vivant moins longtemps sont en effet plus particulièrement pénalisées par le relèvement progressif de l’âge de la retraite », écrit dans Le Monde Nicolas Marquès (Institut économique Molinari), ce qui conclut parfaitement l’extrait précédent. Mais la réforme des retraites gouvernementale, qui pénalise ainsi les plus modestes et refuse de taxer les revenus de la spéculation et les stock-options (des riches) « est juste », comme s’en félicitait hier soir sur France 2 Madame la marquise Morano.

En l’écoutant, à défaut de la gifler, nous avons vraiment ressenti une furieuse envie de casser la télévision.

La phrase du jour : Emmanuel Berretta

14 h 44 – Le chroniqueur Médias du Point s’inquiète, dans le dernier billet de son blog, de l’ « ostracisme tranquillement décrété à l’encontre de la fille de Jean-Marie Le Pen » par Laurent Ruquier et Michel Drucker, révélé lors de la dernière émission de Vivement dimanche, dont l’invité était Jean-Luc Mélenchon. « Jusqu’à preuve du contraire, le Front national est considéré comme un parti politique légal sous la Ve République, écrit-il. (…) L’équité commande enfin que tous les courants d’expression républicains soient représentés à la télévision et à la radio. » L’argument est inattaquable. Mais selon nous, le problème réside davantage dans la présence, toutes tendances confondues, d’hommes politiques dans des émissions de divertissement, où ils apparaissent nécessairement comme sympathiques et où leur est, pour le formuler trivialement, servie la soupe. Berretta déplore d’ailleurs lui aussi « la confusion des genres entre les émissions politiques et les émissions de divertissement ». Mais là où nul ne peut s’accorder avec lui, c’est lorsqu’il interroge : « pourquoi Olivier Besancenot, qui promettait, en 2007, un salaire maximum à 7 500 euros, serait plus fréquentable que Marine Le Pen, qui entend donner la préférence nationale ? » Les bras nous en tombent : peut-être parce que la République « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion » (article premier de la Constitution), non ? La proposition de Le Pen consiste justement en cette discrimination proscrite. Mais apparemment, pour Berretta, imposer un salaire maximum de 7500 euros par mois serait tout autant scandaleux. Touche pas aux riches !

Bettencourtgate : nouveau témoignage contre Sarkozy

9 h 37 – Ancien chauffeur des Bettencourt, Dominique Gautier dit tenir la confidence de la gouvernante Nicole Berger, décédée depuis : « M. Sarkozy était venu chercher de l’argent chez M. et Mme Bettencourt (…) C’était juste en pleine campagne électorale ». A lire chez Mediapart (article payant) ou en résumé dans Le Monde : « Interrogé sur la raison pour laquelle il n’a jamais livré ce témoignage à la police, il répond : « Ah non, je n’en ai pas parlé aux policiers ! (…) Quand on voit à quelle sauce a été mangée Mme Thibout maintenant, j’ai pas envie de passer par-là. » L’ex-comptable Claire Thibout avait affirmé début juillet à Mediapart qu’Eric Woerth avait reçu, en tant que trésorier de l‘UMP, la somme de 150 000 euros en liquide pour financer cette campagne. Elle affirmait aussi que M. Sarkozy, quand il était maire de Neuilly et « un habitué » de la table des Bettencourt, « recevait aussi son enveloppe ». L’entourage de Nicolas Sarkozy a fermement démenti ses propos. » Tu m’étonnes !

Encore hier soir lors de l’émission de France 2 Mots croisés, l’insupportable Nadine Morano s’est insurgée d’ « accusations sans preuves ». Faisons-lui la leçon : il s’agit de plusieurs témoignages, corroborés par un faisceau d’éléments précis, que rappelle Mediapart. « Il y a d’abord eu, on l’a vu, les déclarations de l’ancienne comptable du couple milliardaire, Claire Thibout, à propos d’un versement illicite de 150 000 euros au profit de la campagne électorale de M. Sarkozy en 2007. A défaut d’être formellement établies – les versements d’espèces sont généralement improuvables et c’est même leur intérêt premier -, les affirmations de l’ex-comptable ont toutefois été confortées par plusieurs éléments matériels. Dans ses déclarations du 16 juillet à la juge Prévost-Desprez, Claire Thibout a ainsi indiqué que c’est le 18 janvier 2007, une date qui correspond à la période évoquée par Dominique Gautier, qu’elle avait remis une partie de l’argent (50 000 euros en espèces) destiné à financer les ambitions présidentielles de Nicolas Sarkozy au gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre. Or, dans l’agenda de l’ex-comptable, figure à la date indiquée la mention suivante : «Rendez-vous madame Bettencourt pour donner enveloppe qui donnera à Patrice». Et à la date du lendemain, le 19 janvier, on peut lire ceci : «Patrice et trésorier». A savoir, un rendez-vous entre Patrice de Maistre, l’homme de confiance de la milliardaire, et Eric Wœrth, trésorier de la campagne de M. Sarkozy. (…) Les agendas de Patrice de Maistre saisis par la police confirment l’existence d’une rencontre dans la matinée du 19 janvier avec Eric Wœrth, pour un «café». (…) Ce n’est pas tout. Les livrets de comptabilité de la maison Bettencourt, renseignés par Claire Thibout pendant ses treize années d’activité au service de la propriétaire de L’Oréal, attestent qu’entre la fin 2006 et le début de l’année 2007, de fortes sommes d’argent ont été retirées en espèces sans justification (contrairement à toutes les dépenses courantes) depuis les comptes des Bettencourt. D’après l’ex-comptable, une partie de ces sommes avait précisément vocation à financer de la main à la main des hommes politiques français. A ces éléments, qui donnent du crédit à la parole de l’ancienne comptable, il faut ajouter la découverte par les enquêteurs de la brigade financière des journaux intimes du photographe François-Marie Banier. Le protégé de Liliane Bettencourt (…) a notamment reporté, au printemps 2007, des «propos tenus» par la propriétaire de L’Oréal selon lesquels Nicolas Sarkozy aurait reçu, en pleine campagne présidentielle, de l’argent des époux Bettencourt. La phrase exacte, rapportée par Le Point après les révélations de Mediapart, est la suivante : «De Maistre me dit que Sarkozy demande encore de l’argent. (…) Tout aussi catégoriques dans leurs propos mais sans désigner explicitement Nicolas Sarkozy, deux anciens employés de la maison Bettencourt, une secrétaire particulière et un majordome, ont fait des déclarations concordantes à la police, début juillet, qui ne laissent guère de place au doute sur l’existence d’enveloppes en espèces ayant profité à des personnalités politiques, principalement de droite. » On le voit, n’en déplaise à la harpie sarkozyste, balayer tout cela à l’aide de la formule d’ « accusations sans preuves » s’avère tout sauf convaincant. Le témoignage indirect de l’ancien chauffeur des Bettencourt n’est qu’un élément supplémentaire venant conforter la thèse, éminemment gênante pour l’UMP, que l’élection de leur champion à la présidence de la République devrait être invalidée pour cause de financement illicite ! Mais évidemment, le ministère de la Justice s’est arrangé pour que l’affaire ne soit pas jugée avant 2012… Et l’on nous parle de démocratie et de légitimité ?

8 novembre 2010

La Pravda sarkozyste dans ses oeuvres

20 h 39 – Ah ils sont gonflés, au Figaro ! La popularité de Sarkozy reste stable dans la tempête, se réjouit le quotidien à la Une de son édition du 5 novembre dernier. Acrimed réagit dans l’article Le Figaro, quotidien burlesque : « Qui dit «tempête», dit baromètre : «Selon le baromètre TNS Sofres pour Le Figaro Magazine, la popularité de Nicolas Sarkozy est restée inchangée». Depuis quand ? Certes, cette «popularité» est en baisse depuis septembre, mais voici qui est plutôt rassurant (pour Le Figaro) : «Depuis septembre, le président de la République n’a finalement perdu que 4 points dans le cœur de ses concitoyens : ce n’est pas si cher payé pour une réforme qui se veut la plus emblématique du quinquennat !» Les concitoyens dont le cœur palpite pour Sarkozy seraient 26%. Mais cette «popularité» (sic) est restée stable entre octobre et novembre. «Victoire !», crie Le Figaro : «À force de répéter que la réforme des retraites n’a fait « ni vainqueur ni vaincu », Nicolas Sarkozy a réussi un exploit que révèle la dernière livraison du baromètre TNS Sofres pour Le Figaro Magazine : des millions de Français ont eu beau défiler dans la rue, crier haut et fort leur sentiment d’amertume et d’injustice, la popularité du chef de l’État, qui n’a rien lâché sur l’essentiel, est restée inchangée. Basse, certes, mais intacte : comme en octobre, 26% des Français lui font confiance pour résoudre les problèmes qui se posent à la France. » C’est cela : intacte à 26%, et c’est « un exploit » que de n’être pas descendu encore plus bas… Hasard de l’actualité, un autre sondage est sorti aujourd’hui même, le baromètre Ipsos-Le Point, dévoilé par l’hebdomadaire sous ce titre : Nouveau record d’impopularité pour Nicolas Sarkozy. « Nicolas Sarkozy pariait sur un retournement mécanique de l’opinion publique : une fois la réforme des retraites votée, les Français, lassés de la mobilisation, agacés par les blocages et les grèves à répétition, devaient lui redonner du crédit, écrit Charlotte Chaffanjon. Mais il est loin de ce scénario. En novembre, selon notre baromètre Ipsos pour Le Point, le niveau d’impopularité du chef de l’État atteint son record. » Qu’en dit Le Figaro ? Pas de titre en Une cette fois, ni même d’article, juste la reprise de la dépêche AFPPopularité : Sarkozy toujours très bas. En fait, le mot « burlesque » est parfaitement choisi par Henri Maler, l’auteur de l’article d’Acrimed. Comment en effet ne pas trouver risibles les pathétiques efforts du quotidien d’Etienne Mougeotte et Serge Dassault pour nier l’évidence ?

Médias aux ordres : la révolte des journalistes d’Ouest France

17 h 14 – Il faut se garder de l’amalgame « journalistes tous pourris » et bien distinguer la direction et les éditocrates d’une part, et le reste de la confrérie – les « soutiers » – de l’autre. Nous l’évoquions dans un billet le 30 septembre dernier : à France Télévisions comme à l’AFP, les organisations syndicales n’hésitent pas à protester en termes très fermes et accusatoires contre la normalisation sarkozyste à l’oeuvre dans leur média. A son tour, le Syndicat national des journalistes d’Ouest France a publié le 25 octobre un communiqué au vitriol, sous le titre d’Enrayer le déclin éditorial : « Trop, c’est trop ! En ces temps de mouvement social de grande ampleur, nos éditorialistes attitrés s’affranchissent avec constance des principes mêmes sur lesquels le journal fonde sa culture, son image et la confiance de ses lecteurs. Chaque matin ou presque, pour voler au secours de Sarkozy et de sa politique, la Une affiche une ligne idéologique à sens unique. Quand, à Ouest France, ligne éditoriale et idéologie font bon ménage, le projet de réforme des retraites est présenté comme une évidence qui doit s’imposer à tout esprit sain et raisonnable. Sa contestation prolongée et résolue est d’une irresponsabilité coupable au regard des générations futures. La radicalisation du mouvement social met en péril l’équilibre économique et sape les fondements de notre démocratie. Le gouvernement, droit dans ses bottes, incarne l’ordre et la fermeté. Les opposants, eux, alors qu’ils ont le soutien de la majorité des Français, sont présentés comme divisés et sans projets sérieux. Que deviennent le pluralisme, la défense de la démocratie, le respect du lecteur qu’Ouest France brandit, à la première occasion venue comme son étendard ? Les consignes données aux rédactions par la hiérarchie sont sans ambiguïté : il faut restreindre la couverture des manifestations «pour éviter de lasser» le lecteur ; il importe de mettre l’accent sur les perturbations – lycées bloqués, stations services à sec… – et de donner surtout la parole «aux gens dont l’activité commence à être perturbée par le mouvement». Sur le terrain, de nombreux journalistes ont été interpellés par des lecteurs choqués et qui se sentent trahis. Dans nos rangs aussi, la colère s’exprime, comme lors de l’AG de la section Ouest France du SNJ : «Qu’on arrête enfin de nous faire passer des choix idéologiques pour des choix journalistiques, s’insurge une consoeur. Non, les gens qui sont contre le mouvement social actuel ne créent pas un événement à couvrir au même titre que ceux qui manifestent !» «Qu’on arrête d’essayer de minimiser l’ampleur de ce mouvement, en nous demandant de donner la parole à tout le monde», s’indigne un autre. (…) Le SNJ n’est pas opposé à l’expression d’opinions affirmées dans les éditoriaux. A condition que les points de vue divergents puissent s’exprimer à la même place. A condition que le traitement de l’actualité reste dans le cadre dont il n’aurait jamais dû sortir : celui d’une information honnête et équilibrée des lecteurs. C’est pourquoi le SNJ mène un combat pour la reconnaissance, par la loi, de l’indépendance des équipes rédactionnelles, leur permettant de s’opposer collectivement à toute pratique porteuse d’un risque heurtant la conscience professionnelle des journalistes. » Bon courage les gars (et les filles, comme l’objecte un plumonaute) !

Villepin, l’imprécateur

16 h 17 – « Je dis que Nicolas Sarkozy est aujourd’hui un des problèmes de la France et parmi les principaux problèmes qu’il faut régler et qu’il est temps que la parenthèse politique que nous vivons depuis 2007 soit refermée » : l’ancien Premier ministre et toujours membre de l’UMP Dominique de Villepin a frappé fort, lors du Grand Rendez-vous Europe 1-Le Parisien d’hier. « Nicolas Sarkozy a innové en inventant une cour à son image. Elle a la peur comme moyen, l’argent comme fin et le spectacle médiatique comme théâtre de sa mise en scène narcissique. La politique n’y est pas perçue comme un levier, encore moins comme un idéal, mais comme un marché où l’on achète et brade les hommes comme les idées en fonction de l’intérêt du moment. » Parfaitement observé et exprimé : c’est sans doute ce qui rend fous de rage tous les roquets de l’UMP ! Mais il ne faut pas oublier pour autant qui est Villepin : l’homme des complots et des cabinets noirs, et le héraut d’une politique antisociale symbolisée par feu le CPE qu’il tenta en vain d’imposer. Enfin, qu’il se présente à la présidentielle comme il en meurt d’envie : tout ce qui divisera la droite est bon à prendre.

Les bijoux de Christine Lagarde, trop bling bling pour le XIIe

12 h 28 – C’est Alexis Corbières (Parti de gauche, Conseiller de Paris et 1er adjoint à la mairie du XIIe arrondissement) qui a le premier révélé l’affaire sur son blog, avant que le Canard enchaîné ne reprenne l’info le lendemain : « Connaissez-vous «Les Nouvelles du 12e» ? (…) Il s’agit d’une publication, tirée à 60 000 exemplaires, en quadrichromie, distribuée gratuitement, une fois tous les deux mois  environ, dans les boîtes aux lettres des habitants du 12e arrondissement. Cette publication est à l’initiative de la ministre de l’Economie et des finances, qui y signe systématiquement un éditorial. Ce journal, en plus de la propagande de l’UMP, essaye laborieusement d’être le reflet de son activité comme élue locale, puisque depuis mars 2008, elle est élue municipale, d’opposition. L’exercice est périlleux, car, généralement, il n’y a pas grand chose à raconter. Mais, cette fois-ci, il y a du nouveau. Dans sa dernière livraison, le numéro 15, on peut voir en couverture une Christine Lagarde, souriante, interviewée, avec dans son dos les arcades de l’avenue Daumesnil, principale artère du 12e. Normal, me direz-vous, de la voir dans le quartier dont elle est l’élue. Détrompez-vous. Les habitués de ce blog savent que depuis deux ans, je reproche régulièrement et publiquement à notre ministre de l’Economie et des finances de ne jamais siéger au Conseil d’arrondissement du 12e. Je lui reproche de se désintéresser totalement de ce mandat, contrairement à ce qu’elle laisse entendre. Au mieux, elle passe une poignée d’heures en séance du Conseil de Paris, généralement lors du débat sur le budget, ou lorsqu’une séance aborde exceptionnellement un sujet qui intéresse fortement les médias. C’est tout. Elle est pourtant indemnisée pour cela plus de 4000 euros bruts chaque mois. N’a-t-elle pas assez de temps pour honorer ce mandat, «dévorée» par son travail de ministre ? (…) Mme Lagarde fait donc siège vide depuis deux ans et demi. (…) La couverture du dernier numéro des Nouvelles du 12e est donc censée, cette fois-ci, faire taire les olibrius dans mon genre. A ceux qui affirment grossièrement, comme moi, qu’elle n’est jamais dans les rues du 12e, la photo de Une semble rétorquer triomphalement: voilà la preuve éclatante que Christine Lagarde est bien dans l’arrondissement !

Sauf que… Sauf que, quand on y regarde de plus près, (…) on s’aperçoit que cette photo est un montage pur et simple. Oui, oui. Elle n’est en réalité qu’un vulgaire copié-collé d’une autre photo de Mme la ministre, prise lors d’un sommet franco-allemand qui s’est tenu en février dernier. L’original de cette photo (que l’on voit ici) peut être aisément regardé sur le site du ministère des Finances. Etonnant. Pourquoi ce montage ? Est-ce si difficile de trouver une photo de Mme Lagarde dans les rues du 12e ? (…) Quand elle s’adresse au bon peuple du 12e en cette fin d’année 2010, Madâme, fine politique, sait aussi  tenir compte des conséquences de la crise économique, des inégalités qui se creusent, du mécontentement social et, du coup, Christine Lagarde veille à donner d’elle une apparence un peu plus «populaire» que ce qu’elle est en réalité. Car, manque de chance, sur la photo initiale, les bijoux de Mme la Ministre ne font pas vraiment «Etat modeste». C’est vrai quoi, les grosses perles pendues aux oreilles, la grosse bague sertie de diamants, le bracelet de perles baroques, franchement, quand on demande aux français de «faire des efforts» en travaillant deux ans de plus pour une pension de retraite à la baisse, ce n’est pas très malin, avouez-le. Mais, rassurez vous, Mme Lagarde ne fera pas une telle faute de goût. Miracle, le logiciel Photoshop est là. Et hop, enlevées les perles ! Et hop, supprimée la jolie bague ! Simple, non ? »

En réalité, ce n’est pas la première fois que la ministre s’adonne à ce genre de tripatouillage, comme le signale Guy Birenbaum, exhumant un numéro de mai dernier : « Rides et autres bouton ou pattes d’oie, tolérés dans la photo originale ministérielle (…), ont été systématiquement effacés dans Les nouvelles du 12″. Cette coquetterie apparaît pourtant moins gênante que cette troisième manipulation, toujours dans Les nouvelles du 12, mise au jour par Mediapart : cette fois-là, en février dernier, c’est un luxueux bracelet qu’elle avait fait discrètement escamoter du cliché destiné aux « pauvres », pardon, à la population du 12e. Voyez vous-même.

Ce que révèlent ces tripatouillages photoshopesques ? Que Lagarde n’assume pas son bling bling quand il s’agit de s’adresser à un électorat populaire, qu’elle veut se faire passer pour une autre que ce qu’elle est et, plus globalement, que le nom du parti au pouvoir signifie bien UMPosture !

Eduquons-nous avec l’UMP

10 h 18 – « L’UMP, qui avait organisé mercredi sa convention sur l’éducation, a édité un dépliant vantant le bilan du gouvernement sur l’école depuis 2007. On peut relever sur la photo qui illustre la page sur «l’égalité face à la réussite» une superbe erreur de calcul dans le tableau des additions : 6 + 2 = 7″, a débusqué Le Parisien. L’Obs commente finement : « Il s’agit peut-être d’une nouvelle méthode de calcul pour réduire le nombre de chômeurs ainsi que les déficits publics ». On voit mal ce qui leur reste d’autre.


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